La politesse plutôt que la galanterie

Observatrice de nature, je m'intéresse beaucoup à la sociologie. Et je me suis toujours demandé pourquoi certains hommes qui m'étaient inconnus jouaient de la galanterie pour me tenir une porte, me laisser passer en premier dans l'ascenseur, soulever ma valise dans le train, m'aider à mettre mon manteau, me tirer la chaise au restaurant, me payer un verre ou un repas... tout en ajoutant une remarque spécifique, telles que "les femmes d'abord" ou "galanterie oblige". Même si cela peut être plaisant parfois, cette attitude me met surtout mal à l'aise... 

En discutant avec mon entourage, je me suis rendue compte que nous avions des avis divergents à ce sujet : certains adorent, pensent donner de la considération aux femmes ou aiment se sentir aidées et chouchoutées, d'autres partagent mon sentiment de malaise et d'inégalité. 

Je ne publie que très rarement ce type de billet d'humeur, mais j'avais envie de partager avec vous sur ce sujet de société. J'espère qu'il vous poussera à la réflexion, qu'il n'offensera personne - car ce n'est pas le but ! -, et qu'il vous incitera à partager votre opinion à ce sujet :)

Dans les siècles derniers, la galanterie représentait une forme de respect envers les femmes, dont les droits ont souvent été bafoués. D'un côté, elle pouvait s'apparenter à de la politesse et du savoir-vivre envers la gente féminine. De l'autre, ce code de conduite était assimilé à l'amour courtois, où le chevalier devait vénérer une femme idéalisée pour mieux servir son seigneur. Encore aujourd'hui, elle peut être utilisée comme un moyen de séduction. 

Je sais pertinemment que la galanterie est généralement bien intentionnée, mais parfois j'ai le sentiment qu'elle cache un besoin de plaire. Ce qui me dérange, c'est surtout l'insistance de certains hommes pour que je passe devant eux ou pour me tenir mes affaires, malgré mon refus poli de leur geste. Car ils m'imposent alors de me plier à la règle qu'ils ont choisi de suivre. Et j'estime que cela entrave ma liberté de refuser, et plus largement d'agir comme bon me semble.

Dans son ouvrage Le deuxième sexe, Simone de Beauvoir expliquait justement que la galanterie était une contrepartie héritée des sociétés patriarcales visant à maintenir la femme dans son état d'asservissement. Pas très progressite comme pratique ! D'autres chercheurs en psychologie sociale ont affirmé également que la galanterie est une forme de sexisme bienveillant, indispensable pour maintenir des inégalités. Et je partage leur point de vue. 

Au fond, je trouverais cela beaucoup plus normal qu'on ait autant d'attentions les uns envers les autres, quel que soit notre sexe, notre catégorie sociale, notre couleur de peau, notre orientation sexuelle, notre style vestimentaire... 

Il y a en effet des différences physiques naturelles entre hommes et femmes, mais je suis - comme toutes les femmes que je côtoie - en capacité de rester debout dans les transports, porter ma valise (sinon j'en choisirai une plus petite), tenir une porte, m'asseoir seule, etc. Et ne serais en aucun cas offensée qu'un homme n'agisse pas comme "galant", et heureuse de voir qu'il considère tout le monde comme égal. 

Soyons d'autant plus attentifs dans notre quotidien aux personnes qui nécessitent expressément cette aide, que ce soit les personnes âgées, les personnes en jeune âge, ou encore les personnes handicapées ou ayant des troubles, quels qu'ils soient. Et privilégions plutôt la politesse à la galanterie. :)

Cet article fait écho à l'un des précédents : 3 clés pour cultiver la bienveillance. 

Un dossier intéressant de France Culture à lire : La galanterie : cadeau empoisonné ou vraie humiliation ?